Franck Ferrand (2/2) : « Les médias ont tendance à revenir à l’Histoire »

Présentée par Franck Ferrand, l’émission « L’ombre d’un doute » revient, tous les quinze jours, sur des événements tragiques (Jack l’Eventreur, le naufrage du Titanic…) et les personnages importants de notre histoire (Clemenceau, Jeanne d’Arc, Robespierre…) (Capture d’écran – DR)

Franck Ferrand dit ce qu’il pense. En toute honnêteté. Son arrivée à la télévision est avant tout une question de carrière. Il le reconnaît. Il repense d’ailleurs assez régulièrement à cette anecdote qui le lie à Alain Decaux. En 2002, les deux hommes sortent deux ouvrages chez le même éditeur. L’académicien, une biographie de Saint Paul. Franck Ferrand, un essai sur le Château de Versailles. En trois semaines, Alain Decaux vend près de 200 000 exemplaires. Lui atteint péniblement les 1500 exemplaires. Il suivra alors son conseil :  le public n’achète pas un livre mais il achète un auteur. Le seul moyen pour qu’un livre fasse des ventes, c’est d’être connu. Après huit années passées dans l’ombre de la radio, le petit écran semble lui avoir ouvert les portes d’une certaine notoriété.

Médias et Histoire (M&H) : Vous présentez l’émission « L’ombre d’un doute »  depuis septembre 2011 sur France 3, n’y-a-t-il pas une mode autour de l’histoire actuellement dans les médias ? 

Quelles différences avez-vous pu noter avec votre émission à la radio ? 

Tout est différent. A la radio, je travaille quasiment seul. A la télévision, nous sommes près de soixante. Il y a des directeurs d’unité, des conseillers de programme, des producteurs délégués, des producteurs exécutifs, des directeurs de production, des attachés de direction… Quoi que vous disiez, quoi que vous fassiez, vous êtes obligés de passer par tout ce petit monde. Ceci est normal car chacun a son petit grain de sel à mettre. Mais vous ne pouvez prétendre faire le même plat lorsque vous êtes seul devant vos ingrédients et vos fourneaux que lorsque vous êtes dans une grande cuisine avec soixante autres. Ce n’est pas le même travail. Ce n’est pas le même produit. A la télévision, je fais une émission à la carte.

Vous ne choisissez donc pas les sujets ? 

Je n’ai aucun mérite. A la télévision, les gens travaillent pour vous alors qu’à la radio c’est moi qui fait l’émission. Mes textes sont écrits et même les sujets sont tournés. On me dit même les questions, à qui je dois les poser et dans quel ordre et si je le fais mal on me dit de le refaire (rires). Je caricature mais c’est vrai qu’il y a moins de spontanéité qu’à la radio.

Cela doit se ressentir sur la présentation ?

Il faut que le texte soit impeccable. Un mot, une syllabe mal prononcée et on doit retourner la séquence. La radio et la télévision c’est un peu comme le théâtre et le cinéma. Le résultat n’est pas le même. A la télévision, le résultat doit être lisse. Il faut de l’aspérité à la radio. Une erreur peut être sympathique pour un auditeur. C’est impossible à la télé sinon vous passez immédiatement au Zapping.

Estimez-vous que la télévision voit l’histoire par le petit bout de la lorgnette ? 

Les enjeux ne sont pas les mêmes. Une émission à la télévision coûte très cher. Si elle est trop spécialisée et qu’elle ne marche pas en terme d’audience, c’est une catastrophe pour la chaîne. A la radio, cela arrive plus souvent mais c’est moins grave. Les enjeux sont plus faibles. On enchaîne aussitôt avec une autre émission et on oublie la précédente. Bien sûr, il faut des sujets populaires, comme la vie de Marie-Antoinette par exemple, mais le téléspectateur a aussi le droit de voir autre chose parfois.

Finalement, vous préférez la radio à la télévision ?

A mon sens, le média de l’histoire c’est la radio mais le public est plus sensible aux émissions télévisées. Je fais à peu près 22 sujets à la radio chaque mois contre 2 à la télévision mais, dans la rue, il est très rare qu’on vienne me parler de mon émission sur Europe 1.

POUR ALLER PLUS LOIN

Le site personnel de Franck Ferrand : www.franckferrand.com

L’émission « L’ombre d’un doute » sur le site Internet de France 3

Un extrait de l’émission du 18 janvier 2012 consacrée à l’énigme autour du tombeau de Napoléon :

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